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1Monseigneur, après avoir receu la lettre quil vous pleust mescripre du XXVIIe du passé, ensemble
2la commission en blanc pour le desmantellement des chateaulx et ville de Moyrenc et La Coste
3Saint André, jen conferis avec messieurs du païs, tellement que le XIIIe de ce moys, ilz sen
4assemblarent à leveschée en presence de monsieur de Grenoble, où en fin ilz resolurent deffectuer
5et mectre à execution ce quil vous avoit pleu pource regard commender, et me priarent aller
6sus les lieux pour ordonner desdits desmantellemens au meillieur mesnage pour le païs
7que faire se pourroit, et y establir commissaires. Ce que je feis, et en premier lieu quant à la
8ville de Moyrenc, jay treuvé plusieurs particuliers, lesquelz se chargent du desmantellement
9de ladite ville et en balhent si peu de proffict revenant bon au roy, que je ne le vous ose escripre,
10parce quilz offrent huict ou dix livres de ce qu’a cousté de faire deux ou III m L.ts. Toutesfois, sest
11gaigner la despence que cousteroit au païs de faire la demolition dicelles ; et quant au
12château, aulcung ne s’y est volu hazarder pour estre basti de tel atraict et scymenté
13de telle façon, qu’on ne peult avoir que bien peu ; si bien que suyvant ladvys de monsieur
14de La Tyvolière, feust commys le capitaine Expelly pour le faire desmolir et desmanteller
15du tout, et y a faict travailher puis le Vme de ce mois ; et pour le regard du château
16et ville de La Coste, daultant que tout latraict n’est que bricque, laquelle en tumbant
17se rompt et mect en pièces, aulcun n’y a volu entendre ; est vray que je treuvoys
18les habitans de ladite Coste de different advys avec les gentilhommes du lieu parce
19que lesdits gentilhommes estoient dadvys de garder le château et desmanteler la ville,
20et au contraire les habitans vouloient que tout feust desmoly. Si bien que, suyvant
21la promesse qu’avoys faicte à messieurs du paÿs, je leur feistz sustendre toute ma
22procedure pour en scavoir leur volunté, lesquelz par la lettre quilz mescriprent
23je treuvys avoir changé daultre advys, tellement que je men retournis sans y
24faire aultre expediction que d’avoir ordonné des aydes des vilages des lyeux circonvoysins
25pour faire ledit desmantellement ; et estant de retour, je les feis assembler où (en somme)
26le procureur du païs deplore la calamité du peuple qui n’avoit moyen supporter telz
27fraiz, estant dallieurs travailher des garnisons du magasin et infinies aultres
28pauvretés quil allègua tellement que je feuz prié faire sursoyer jusques à ce quilz
29eussent responce de vous, mesmes en ce que concerne la demolition des chateaulx. Ce que
30jay faict, encor que la courtine de celluy de Moyrenc soit bien fort advancée. Et quant
31aux murs de la ville, je les ay tous licensié à ceulx de la ville, pourveu quilz ostent
32dans trois sepmaines I [I : de] dessus la place ; et si jeusse peu faire le semblable du château,
33je vous puis asseurer que j’en eusse faict tout aultant. J’avoys desià commandé
34aux martinetz de Rives des ostiz tranchans exprès pour coupper la bricque du château et
35murailhes de La Coste par le moien desquelz ostitz, on me promectoit dy faire grande
36expediction. Toutesfois, je n’y feray bouger sans prealablement avoir responce de ce
37quil vous plaira commander. Il y a tout au près de ladite Coste ung château duquel
38[59v°] lassiète est bien forte et les advenues assés maulvaises, appellé le château d’Ornacieu,
39auquel personne n’habite. Je vous puis asseurer que sil estoit saisy par lennemy, il
40feroit beaucoup de mal à toute ceste vallée, comme aussi feroit la ville de Serre,
41laquelle seroit bien de besoing estre desmantellée ; et s’il vous plaisoit escripre à
42monsieur de Cheuvrières, auquel appartient la moictié dudit château d’Ornacieu, de faire
43garder ledit château par moytié à ses fraiz, comme font les aultres, ou bien le faire
44desmanteller, jen escriprois tout aultant à monsieur le conte de Bouchaige auquel
45appartient laultre moytié. Et actendant sur le tout vous commandemens pour
46cest effect, je vous diray seullement, monsieur, que à mon retour, jay treuvis
47que la veriffication du don demandée par madame la grand de Savoye
48estoit sus le bureau, et à larrivée de monsieur le president de Portes,
49que sera demain comme on m’a dict, jestime quil se pourra vuyder, non
50toutesfois sans bien grande difficulté, quest lendroict où, après vous avoir
51salué de mes plus qu’humbles recommandations, je prie le Createur,
52monseigneur, vous conserver en parfaicte et très heureuse santé. Der
53Grenoble, ce dernier janvier 1574
54Votre plus humble serviteur
55P Gratet
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